Bonjour à tous, ça fait longtemps!
Presque trois ans se sont écoulés depuis notre dernier message le 2 février 2015. Il est enfin temps pour nous de donner des nouvelles et de vous partager où nous en sommes depuis.
Notre plan avait toujours été de faire un post-mortem suite à la sortie du Gouffre afin de partager notre expérience. Avant de commencer la production, nous avions lu des comptes rendus écrits par d’autre réalisateurs de court métrages et les avions trouvés très utiles pour nous orienter. Le présent article est donc notre façon à nous de redonner au suivant afin d’aider d’autres équipes à réussir leur projet d’animation dans le futur!
Mais avant tout, nous avons une annonce importante. Alors que l’aventure du Gouffre tire à sa fin, une autre est sur le point de commencer!
Tenez vous prêts, parce que très bientôt nous allons révéler notre prochain gros projet! Assurez-vous de suivre la page Facebook du Gouffre si vous voulez être informés dès que ça sera en ligne!
Bon et maintenant… par où commencer?
Nous étions tous les trois de très bons amis avant de commencer à faire Le Gouffre.
Nous nous sommes rencontrés au Cégep du Vieux-Montréal autour de 2008, où nous avons étudié le cinéma d’animation. On admirait beaucoup nos films étudiants respectifs, et avons donc décidé de faire un nouveau film ensemble après avoir obtenu notre diplôme. L’idée était qu’en combinant nos forces, on serait à même de faire un film plus ambitieux et éventuellement créer des long métrages (notre rêve d’alors et encore aujourd’hui). Nous étions loin de nous douter que cette amitié serait une partie si cruciale du processus.
L’ÉQUIPE
Le facteur qui affectera beaucoup vos chances de terminer un projet est l’équipe que vous formez. Beaucoup d’idées fantastiques n’aboutiront jamais parce que l’équipe n’est pas assez dédiée, fiable, ou manque de communication. Soyez sûrs des gens avec qui vous décidez de travailler, parce que peu importe à quel point votre concept a du potentiel, si des membres de l’équipe lâchent en cours de route, il sera très difficile de continuer sans eux.
On se compte très chanceux de s’être rencontrés et d’avoir mené ce projet ensemble jusqu’au bout, malgré toutes les embûches que nous avons rencontrées.
L’IDÉE
Il faut dire que nous n’avons pas commencé à travailler à temps plein sur le film dès le début. Il était important pour nous d’attendre le moment idéal pour être complètement disponibles. On a donc pris cette opportunité pour mettre de l’argent de côté en travaillant d’abord dans l’industrie. Durant tout ce temps, on cherchait des idées d’histoire.
Notre première idée aurait été un film beaucoup plus court, mettant en scène un garçon si rapide qu’il pouvait faire la course contre l’éclair. Le film se voulait visuellement impressionant, beaucoup moins réaliste que Le Gouffre. Le projet avançait bien, mais après avoir passé un moment à développer le concept, on a commencé à sentir que l’histoire était trop simple. On a convenu que si on était pour passer beaucoup de temps sur un court métrage, il fallait qu’on soit fiers de tous les aspects du film, incluant l’histoire.
On est donc revenu à la case départ et avons développé une histoire avec des thèmes plus résonnants. L’amitié et le courage de poursuivre ses rêves seraient au coeur de notre film. On a carrément imaginé la finale en premier, identifiant les émotions qu’on voulait faire vivre au spectateur, et on a ensuite construit le reste du film pour mener jusqu’à ce moment.
Maintenant, on était prêts!
Mais avant d’entamer la production, on s’est entendu sur une méthode de prise de décision pour ce qui allait suivre.
ÊTRE TOUS D’ACCORD AVEC CHAQUE DÉCISION
Normalement sur un projet comme celui-ci, il y aurait un réalisateur, un directeur artistique, une personne en charge de l’animation, et ainsi de suite. En cas de désaccord dans l’équipe, on passerait probablement à un vote. Si deux personnes sur trois sont d’accord pour changer quelque chose, logiquement la majorité l’emporte.
Cette approche n’est pas celle que nous avons choisie pour faire Le Gouffre. Nous avions tous un pouvoir égal face à chaque décision.
Ainsi, toute décision devait absolument être approuvée par les trois d’entre nous. Ce qui veut dire que si deux personnes voulaient un changement mais que le troisième n’était pas d’accord, on continuait à débattre jusqu’à ce qu’on ait trouvé une solution qui plaise à tous.
La raison est simple: nous faisions ce film en équipe, et il était important que chacun sente que son opinion artistique était respectée. Si l’un d’entre nous n’aimait pas quelque chose, il devait bien y avoir une raison. Pourquoi le forcer à mettre dans le film quelque chose qu’il n’aimait pas?
Bien sûr, cette façon de faire peut mener à des impasses. Dans une telle situation, avoir une personne en charge qui peut intervenir et dire « non, c’est moi qui décide et voilà ce qu’on fait » aurait beaucoup accéléré les choses. Il est arrivé que nous argumentions longtemps, parfois des heures durant, à propos de certains aspects importants de l’histoire. Parfois, nous n’arrivions tout simplement pas à s’entendre et repartions chez nous pour y penser séparément. Mais comme pour beaucoup de choses, prendre son temps vaut généralement la peine. Après avoir pris la nuit pour y réfléchir, quelqu’un arrivait souvent avec un nouvel angle de solution le lendemain, très souvent encore meilleur que notre première idée.
LA PRODUCTION – DU TEMPS ET DE L’ARGENT
Le reste de la production a été assez standard.
Un nombre d’heures incalculable. Du travail acharné. Pas d’argent, alors il fallait vivre simplement.
On a emménagé ensemble et mis nos ordinateurs dans le salon. Ainsi, notre appartement et “studio” fusionnaient avec un seul loyer à payer.
On a travaillé sur le film plus de 40 heures par semaine pendant 2 ans. Il fallait rester concentrés sur le travail à faire. Pour nous aider à passer à travers la production, on s’assurait de se garder des moments plus relax en jouant à des jeux de société chaque mercredi soir. Ça peut paraître drôle, mais on voulait passer un peu de temps ensemble comme amis chaque semaine, pas juste en tant que partenaires de travail.
CAMPAGNE DE SOCIO-FINANCEMENT
À un certain moment, le manque d’argent est devenu un réel problème.
On comptait beaucoup sur des programmes de bourses pour nous aider a survivre, mais on a été refusé chaque fois qu’on a appliqué. On avait besoin d’argent pour payer pour la musique et les effets sonores du film, alors on a décidé de faire une campagne Kickstarter.
Les films (que ce soit prise de vue réelle, animation, courts ou longs) sont rarement de grands succès sur Kickstarter, contrairement à d’autres types de projets où il y a quelque chose de plus tangible à vendre. On savait qu’on ne deviendrait pas riche, mais on avait seulement besoin de quelques milliers de dollars.
Faire notre blog de production et partager le projet sur des forums d’animation pendant ces deux années nous a beaucoup aidé. On avait environ 300 followers sur Facebook quand on a commencé la campagne, et bien que ce ne soit pas énorme, ce fut suffisant pour propager le vidéo et rejoindre une plus grande communauté à travers le monde.
Ce qui est bien à propos d’un Kickstarter, c’est la visibilité que ça apporte. Quand la campagne fut terminée, on avait amassé 25 000$, et on s’est retrouvés avec 600 followers, soit le double qu’on avait au départ.
SORTIE DU FILM
Une fois le film terminé, on a décidé de l’envoyer à des festivals pendant une année avant de le mettre sur internet.
Il y avait deux désavantages à cette approche.
D’abord, les festivals coûtent chers. Il faut souvent payer pour soumettre le film, et parfois payer un extra pour envoyer une copie physique. Deuxièment, ça impliquait qu’on allait devoir attendre une année complète avant de rendre notre film accessible en ligne, et soyons francs, c’est là qu’un film obtient le plus visibilité.
Le bon côté toutefois, c’est que notre pari a payé et qu’on a remporté plusieurs prix, ce qui a donné plus de crédibilité et d’attention au film une fois la sortie sur le web.
En tout et partout, on ne regrette pas notre année à faire des festivals, mais c’est vraiment seulement quand on a sorti le film en ligne que ça a eu le plus d’effet.
On a été contacté par plusieurs producteurs et agents qui voulaient travailler avec nous, ce qui était très motivant.
APRÈS LE GOUFFRE
Quand le Gouffre fut terminé, il a fallu se trouver un emploi rapidement.
On est parti chacun de notre côté pendant un moment. On avait une idée pour un nouveau projet, mais on n’était pas encore prêts, et on était épuisés.
Si on avait eu un concept de prêt alors qu’on a fini notre film, ça aurait été parfait, parce que c’est à ce moment que les producteurs de studio nous contactaient. Alors à tous ceux qui sont dans une situation similaire à nous, assurez vous d’avoir votre pitch prêt plus tôt pour profiter de l’occasion!
Dans notre cas, cette pause était tout de même positive. Tout en développant cette nouvelle idée tranquillement, on en a profité pour poursuivre de nouveaux projets séparement et qui nous tenaient à coeur.
David a fondé Mr. Cuddington, un studio qui créé des illustrations pour les jeux de société: www.mrcuddington.com
Carl a créé Flamant, une compagnie de production axée sur le mouvement: www.facebook.com/flamantco
Thomas a développé Super Starcore Ultra, un univers sci-fi avec jeux vidéo et courts métrages: Www.facebook.com/superstarcoreultra
PROCHAIN PROJET!
Maintenant que le temps a passé, et que nous avons retrouvé notre énergie, on est prêt à reprendre le travail sur cette idée de film qu’on a imaginé il y a quelques années.
C’est un projet qu’on a développé à temps perdu pendant les trois dernières années, mais dernièrement les choses on commencé à bouger plus concrètement et on est très excités d’en partager les détails avec vous!
Pour finir, on voudrait dire un gros merci à tous ceux qui ont suivi notre progrès durant la création du film Le Gouffre. On espère que vous serez aussi emballés à embarquer avec nous dans cette nouvelle aventure!
À bientôt!
Thomas, Carl et David du Studio Lightning Boy